
Vous vous séparez de votre associé et ce dernier vous dénigre. Vous avez un risque de réputation préjudiciable pour vous et votre société. Tout comme la clause de non-concurrence et de non-débauchage, la clause de non-dénigrement peut vous protéger. Qu’est-ce que c’est exactement? Que contient-elle ? Quand devez-vous la prévoir ? Quelles sont les limites ?
La concurrence déloyale entre associés et malheureusement courante. La bonne nouvelle est que l’on peut s’en protéger. Je vous ai déjà exposé :
? la clause de non-concurrence, qui contient un objet, une zone géographique, une durée, ET SURTOUT une pénalité financière (indispensable à toute clause, je vous explique plus loin pourquoi),
? la clause de non-débauchage, qui définit le personnel considéré comme « clé » pour la société, la valeur financière du personnel clé et la durée d’application.
La série des clauses se termine avec la clause de non-dénigrement. Et comme pour les deux autres clauses, bien évidemment, je vais vous partager celle que j’utilise personnellement.
Je ne suis que frustration
Quelles que soient les conditions obtenues lors de la séparation, il est certain que vous avez dû faire des concessions. Tout comme votre associé. Et qui dit « concession » dit « frustration ».
Comme l’humain est bien fait et est un exemple de savoir-vivre, la frustration non-digérée peut rapidement se transformer en envie de vengeance. Et je ne parle pas ici de vengeance au niveau physique, en mode « Le Parrain », mais plutôt de vengeance sociale.
(Entre nous, la personne qui fait ça n’a clairement pas lu mon article : je sauve ma peau, je ne fais pas la peau de l’autre.)
Un bon petit dénigrement, effectué dans les règles de l’art, est ENCORE PLUS pernicieux qu’une vengeance physique. Parce qu’il y a deux aspects à prendre en compte :
? Le dénigrement visible, autrement dit les invectives et les avis sur les réseaux sociaux ou sur Google, ce qui laisse des traces.
? Le dénigrement invisible, celui qui est exprimé à l’oral et qui, de fait, ne laisse aucune trace.
L’ex-associé qui se lance dans le dénigrement n’y va pas par quatre chemins: il attaque là où ça fait le plus mal, là où ça ne laisse pas de traces immédiates. Le cerveau est touché … Si, si, rappelez-vous de mes tentatives d’être un docteur :

Comment se protéger du dénigrement ?
La réputation est une mauvaise amie. Vous prenez 10 ans à la construire et il suffit de 10 secondes pour la détruire. En fait, comme les châteaux de carte. Ou comme le cardio. C’est injuste, mais c’est comme ça.
Mais comme on met de la glu entre les cartes ou comme on arrête de fumer pour relancer son cardio, on peut tenter de sauver sa réputation en établissant une clause de non-dénigrement. Cette clause se prévoit au moment de la séparation, pendant les négociations d’achat/vente des parts.
Soyez certain de la prévoir dans l’accord que vous signerez entre vous à l’issue des négociations.
Ma clause de non-dénigrement
Je vous l’ai dit : je vous partage tout. Même mes clauses. Vous avez déjà pu télécharger la clause de non-débauchage et la clause de non-concurrence. Maintenant, téléchargez mon modèle de clause de non-dénigrement ICI.
Et n’oubliez pas que l’élément le plus important à prévoir est :
LES PÉNALITÉS FINANCIÈRES
S’ils parlent mal de vous, faites-les raquer (du coup, si, ça fait un peu « Le Parrain »). La pénalité financière reste le meilleur moyen pour faire pression et dissuader votre ex-associé, sans devoir passer par la case avocat ou juge.
Quel est l’intérêt de la clause de non-dénigrement ?
? La clause est un document officiel, qui fait foi. Ce bout de papier signé ensemble vous donne un sentiment de protection et de sécurité.
? Dans la majorité des cas, une clause fait peur. Enfin, surtout la pénalité financière qui va avec. Toujours l’histoire de Damoclès et de son épée … Pour la plupart des gens cela suffit pour ne pas franchir la ligne rouge.
Notez une chose : j’ai bien dit « un sentiment de protection et de sécurité ». Parce que des cowboys, des gens qui n’ont pas peur de se prendre un coup d’épée sur le crâne, ça existe aussi. Et ceux-là, votre petite clause, ils la posent sur une table, mettent du tabac dedans, la roulent devant vous et la fument en vous soufflant les cendres à la figure.
On peut donc supposer que le cow-boy n’en a rien à faire.
Les limites de la clause de non-dénigrement
Donc la clause de non-dénigrement, comme toutes autres clauses liées à la concurrence déloyale, n’est pas une « interdiction de ». Votre ex-associé peut encore vous dénigrer, débaucher votre personnel et effectuer de la concurrence déloyale, tant qu’il ne se fait pas prendre.
Et s’il se fait prendre, il faut encore pouvoir prouver les faits.
1. Le cow-boy qui avance masqué
Le cow-boy se fout de votre clause et avance dans l’ombre. Ce n’est pas lui qui vous dénigre directement. Il fait appel à son cercle d’intimes ou paie carrément des personnes pour vous casser sur internet. Et à l’oral, il se fiche pas mal des répercussions de ses petites phrases assassines auprès de vos clients actuels ou potentiels.
Et pour prouver le dénigrement, bon courage. Il faudrait que chacune des personnes établisse des attestations de témoignage pour prouver le dénigrement. Et si c’est un cercle d’intime – il sait généralement très bien à qui s’adresser – , ces attestations sont quasiment impossibles à obtenir.
2. L’effet boomerang
Un entrepreneur veut se protéger de la malveillance de son futur ex-associé. Il introduit une clause de non-dénigrement avec une pénalité de 200.000€ dans l’accord de séparation. Le problème : la clause qui devait le protéger devient du pain bénit pour son ex-associé.
Pourquoi ? Parce que l’ex-associé est un manipulateur (vraiment, une carne, pire que Mamie Claude). Il sait exactement sur quel bouton appuyer pour le faire exploser. BOOM. L’entrepreneur bienveillant se retrouve dans un excès émotionnel.
Impulsivité, colère, le piège se referme.
L’entrepreneur dénigre ouvertement, publiquement, à l’oral et par écrit, son ex-associé. Résultat ? C’est lui qui va payer les 200.000€.
Rétablir sa réputation, c’est possible
Il n’est pas simple de faire face à un dénigrement. Le sentiment d’impunité, de faiblesse, de trahison rend le dénigrement injuste et révoltant. Voir votre labeur s’éparpiller en miette sous vos yeux vous met en colère et c’est normal.
Mais ne rentrez pas dans cette spirale négative. Oui, il est possible de rétablir votre réputation sans rendre coup pour coup. Utilisez votre énergie dans le but de vous reconstruire et non de détruire l’autre.
Appuyez-vous sur vos clients satisfaits
Avec leur aide, reconstruisez votre réputation, notamment celle en ligne, celle qui est le plus clairement égratignée. On sait tous qu’aujourd’hui, à la recherche d’une prestation ou d’un service, un client va spontanément aller voir comment une société est notée sur Google.
Mettez donc vos clients à contribution : demandez-leur de rédiger des avis positifs pour faire barrage. Plus vous aurez d’avis positifs, plus les avis négatifs supposés vous dénigrer descendrons dans le flux et passeront pour des mal-lunés qui ne sont jamais contents de rien. Ne négligez pas cette carte, parce que même Google tient en compte votre réputation pour vous faire apparaître dans les résultats de recherche !
Vos clients satisfaits sont clairement votre meilleur atout pour reconstruire et consolider votre réputation et votre crédibilité. Soyez présents sur les réseaux sociaux, comme Facebook ou Instagram. Un suffit, tant qu’on se donne la peine de bien l’alimenter. Fondez et entretenez ainsi une communauté positive.
C’est une spirale qui vous mènera vers le haut et qui fera des émules : comme sur Google, si un potentiel client voit que vous êtes actif sur les réseaux sociaux, que vous partagez votre actualité, votre motivation et vos valeurs, que vous prenez du temps pour répondre aux commentaires, il vous fera plus confiance … C’est ce qu’on appelle la preuve sociale !
En bref
La clause de non-dénigrement peut vous protéger de la sape de votre réputation par un ex-associé.
Quatre choses à retenir :
? Elle s’établit à la fin de l’association, lors de la négociation.
? Elle contient les pénalités financières à appliquer si le dénigrement est prouvé.
? Elle reste un outil dissuasif.
? Attention à son effet boomerang éventuel