Dans une association, 3 facteurs peuvent conduire à un conflit avec votre associé et une séparation : le facteur prédisposant, le précipitant et le perpétuant. Vous ne supportez plus votre associé parce qu’il existe un facteur présent dès le départ chez votre associé. Le ver était dans la pomme. Pour autant, est-ce réparable ?
« Il n’y a pas plus insomniaque que quelqu’un qui ne dort pas« , aurait dit Abraham Lincoln.
Et là, vous vous dites : où est-ce qu’il va encore nous emmener avec ses histoires à dormir debout ? Oui, je l’assume, on va être dans le champ lexical du bon gros dodo dans cet article.
Allez, je vous explique :
Quel rapport avec le conflit avec votre associé ?
Les insomniaques – donc ceux et celles qui lisent cet article à 2h du matin – connaissent ce modèle. C’est en voulant traiter mes insomnies que j’ai découvert les 3P de Spielman, lors d’un petit check-up à la clinique du sommeil.
Le modèle des 3P est puissant. Et si on le transpose au niveau des relations entre associés, ça pourrait donner ceci :
? Le facteur prédisposant est un trait de caractère ou de personnalité, généralement négatif : stress, anxiété, colère, désorganisé …
? Le facteur précipitant correspond à l’élément ou l’évènement qui déclenche la crise. La situation revient à la normale par la suite.
? Le facteur perpétuant est une accumulation du prédisposant dans la vie quotidienne. Un associé qui avait tendance à pousser des gueulantes n’est connu que par ses accès de colère. Ce « nouveau normal » provoque un dysfonctionnement dans l’activité : la situation devient rapidement invivable.
La conséquence est claire : plus personne ne se supporte. Les associés entrent en conflit permanent et la séparation semble irrémédiable.
Prenons un cas vécu :
Comment savoir si le conflit avec votre associé est gérable ?
Ces 3 facteurs font vraiment partie d’une dimension plus « émotionnelle » de l’association. Il ne s’agit plus de concurrence déloyale ou d’histoires de Bisounours. Il s’agit d’essayer de trouver la cause d’un facteur perpétuant pour déterminer si le conflit avec votre associé est réparable.
Pour ça, je vous ai préparé un petit tableau. Non, ce n’est pas un carnet pour noter ses rêves. On est un peu plus prosaïque : ce tableau permet d’identifier les raisons du conflit.
Comment remplir ce tableau ?
Déjà, je vous suggère de garder ce tableau imprimé pas loin de vous. Vous pouvez même vous faire un petit Google Sheet, histoire d’avoir le tableau à portée de main à tout moment.
1️⃣ Notez la date de l’incident
2️⃣ Décrivez précisément la situation – le diable se cache dans les détails !
3️⃣ Identifiez la cause de l’incident – pourquoi a-t-il eu lieu ?
4️⃣ Nommez l’émotion que VOUS ressentez face à ce conflit
5️⃣ Indiquez le comportement que cette émotion déclenche chez vous – comment avez-vous réagi ?
Prenez le temps d’étudier ces réponses. Et n’hésitez pas à demander à votre associé, si le conflit n’est pas trop avancé, de remplir lui aussi ce tableau. Vous verrez que dans certains cas vous pouvez sauver les meubles en verbalisant vos émotions !
(En parlant de meubles, vous avez lu mon article où je parle des bonnes étapes de la création d’une association ?)
Comment analyser ce tableau ?
Après avoir rempli quelques lignes, je pense que vous serez à même de comprendre l’analyse à en tirer. Mais bon, magnanime, je vous lance des pistes. Grâce à ce tableau, vous pourrez :
? Identifier les situations qui conduisent à des tensions avec votre associé
? Prendre conscience de la récurrence des incidents
? Comprendre si le conflit avec votre associé est systématiquement dû à la même situation ou à des situations différentes
? Comprendre qui en est la cause (vous ou lui)
? Comprendre si cette (ou ces) situation(s) déclenche(nt) chez vous une ou plusieurs émotions
? Prendre conscience du comportement que cette situation et cette émotion induisent chez vous
PSSST : si j’utilise trois fois le verbe « comprendre », ce n’est pas anodin. Madame de Staël disait « Comprendre, c’est pardonner ». J’ajouterai une nuance, tout de même. « Comprendre, c’est avoir les clés pour essayer de pardonner. »
Donc, conflit avec votre associé ne veut pas spécialement dire séparation
Et maintenant, que faire de tout cela ? Dormir dessus ? Certainement pas. Il s’agit, face à une liste de faits, de se poser les bonnes questions :
❓ Existe-t-il un (ou des) facteur(s) prédisposant(s) à ces situations chez l’un de vous deux ?
❓ Y-a-t-il une possibilité de se remettre en question ?
❓ Est-ce que ce facteur prédisposant qui est devenu perpétuant est gérable ou irrémédiable ?
C’est gérable
Si c’est gérable, ça veut dire qu’une solution est possible. Vous pouvez vous réaligner avec votre associé et traiter la cause du facteur prédisposant.
Pour cela, il faut identifier les faits, les reconnaitre, les accepter et les solutionner. Il est surtout indispensable de se parler et d’avoir envie ensemble de trouver une solution. Vous n’y arrivez pas seuls ? N’hésitez pas à demander de l’aide.
Ce n’est pas gérable
Si c’est irrémédiable, la question de la séparation est à l’ordre du jour. Ne tournez pas autour du pot : les relations toxiques, ça n’a jamais réussi. Engagez sérieusement la conversation, parce que sinon :
? Soit l’un des associés se fait jeter par l’autre sans comprendre ce qui lui arrive.
? Soit vous vous demandez comment vous pouvez vous débarrasser de celui qui ruine tout.
Dans tous les cas, vous êtes encore plus dans le ressentiment. Et une séparation avec du ressentiment, ce n’est jamais top.
En bref
? Se demander « pourquoi » vous êtes en conflit avec votre associé ne dépend pas juste d’une petite phrase ou d’une petite explication. Il faut aller au fond des choses et, comme je le dis, essayer de comprendre les facteurs qui amènent à l’agacement.
? Les 3P de Spielman peuvent vous aider dans cette quête de compréhension. Mon petit tableau, à remplir tout seul, est un bon moyen d’analyse. Et à partir de ces éléments, il faut se décider : soit le conflit est gérable, soit il amène irrémédiablement à la séparation.
En bref, bref : je ne suis pas vraiment certain qu’Abraham Lincoln ait dit ça.
Je l’ai peut-être rêvé …